La nuit du visiteur, Benoit Jacques

Portrait d’un album culte

• Titre : La nuit du visiteur
• Auteur : Benoit Jacques
• Illustrateur : linogravures de Benoit Jacques
• Éditeur : Benoît Jacques Books (auto-édition).
• Parution : octobre 2008 (en France)
• Format : 16 × 20 cm, 112 pages, broché, impression en noir, gris et rouge, jaquette volante.
• Catégorie : Album
• Public : dès 6 – 7 ans
• Distinctions :
  • Prix Baobab de l’album 2008 au salon du livre de jeunesse de Montreuil.
  • Prix Versele 2011 3 chouettes (dès 7 ans)

« La nuit du visiteur » ou le conte détourné qui décoiffe

« Si ce n’est pas son gentil petit chaperon rouge, qui donc frappe à la porte de Mère-Grand à cette heure de la nuit ? Il vous faudra des nerfs d’acier pour ne pas abandonner cette lecture éprouvante en cours de route et risquer ainsi de louper la clef de l’énigme. »

La 4e de couverte prévient d’emblée son lecteur.

À l’heure du crépuscule, un homme frappe à la porte d’une Mère-Grand isolée dans sa petite cabane.

Le visiteur veut lui apporter son diner.

Mais Mère-Grand est sourde. Elle réclame à l’inconnu de décliner plus fort son identité.

S’ensuit un ping-pong verbal et visuel dont l’effet burlesque va crescendo.

Tandis que sur la page de gauche, le visiteur se démène pour se faire entendre, Mère-Grand, à droite, lui fait répéter son nom.

Le visiteur commence alors sa métamorphose : discrète puis spectaculaire, à la mesure de sa frustration galopante. Il s’incarne en monstre, diable, ogre, squelette, fantôme…

« C’est Bruno, qui en a plein le dos, ou plutôt Anatole qui en a ras le bol, enfin c’est Jack qui en a sa claque, bref c’est Roger qui en assez de vos simagrées, et misère, voilà que mes cordes vocales commencent à se faire la malle… »

jusqu’à révéler sa véritable nature :

« Je suis le Grand Méchant Loup ! Maintenant vous savez tout. Je suis ici pour vous manger, comme convenu. »

Mère-Grand est …rassurée et lui confie la formule pour entrer. C’est sans compter sa mémoire défaillante ! Elle enchaine les propositions farfelues.

« Pour ouvrir la porte
c’est tout simple.
Voici la formule :
Vire la bicyclette
et la trottinette fumera !… »

Le loup finit par abandonner la partie.

Alors, sourde ou rusée, la Mère-Grand ? Et la clé de l’énigme dans tout ça ? Je ne la dévoilerai pas.

Un livre « OLNI »* qui plait à tout âge

Livre à la conception soignée, texte musical, images puissantes en linogravure, La Nuit du visiteur est un génial ovni littéraire à théâtraliser pour faire rire aux éclats les enfants.

Pour aimer avoir peur.

Paroles de lecteurs & lectrices

« Toujours un tabac en heure du conte. »

« C’est un petit bijou à pleurer de rire. »

« Lu pour un groupe de lycéens non francophones et ça a énormément plu.
Les rires fusaient et même s’ils ne comprenaient pas tous les mots, ils ont bien vu la malice de cette mère-grand d’un autre temps… »

« Que d’humour pour reprendre ce conte bien connu qu’est le Petit Chaperon Rouge. Les enfants rient aux éclats, en redemandent…et cela inspire leur plume ! »

« Professeur des écoles, j’ai lu ce livre en classe. Les élèves ont adoré et ont réclamé de multiples nouvelles lectures. A mon avis, le texte mérite d’être lu à haute voix (et théâtralisé). Je recommande chaudement cet ouvrage original et très réussi ! »

Sur le thème « Mystères et frissons », vous pourriez aimer cet article : La maison de Madame M de Clotilde Perrin.

La p’tite F.A.Q.

On écoute Benoit Jacques nous parler de La nuit du visiteur

Voici la transcription d’une partie de la vidéo dans laquelle Benoit Jacques s’exprime à propos de son livre. Il vient de recevoir le Prix Baobab pour La nuit du visiteur.

« L’idée de départ de La nuit du visiteur, c’était de mettre la résistance du lecteur à l’épreuve en proposant une histoire qui se déroule sur un nombre de pages plus important que la normale dans le cadre d’un livre supposément destiné aux enfants.

C’est un livre qui s’étale sur 112 pages avec dans un premier temps un rythme binaire très très simple d’alternance entre des doubles pages noires, très noires, parce qu’elles se passent à l’extérieur dans une nuit très profonde et de double-pages à l’intérieur de la cabane de la grand-mère du petit chaperon rouge qui baigne dans une lumière un peu étrange.

Le personnage qui est à l’extérieur et qui souhaite rentrer dans la cabane, cherche à masquer son identité.

On verra plus tard dans le livre qui est ce personnage en réalité, mais il cherche à la masquer, mais il se heurte à la résistance de la grand-mère qui le feint ou qui l’est réellement semble dure d’oreille.

Graphiquement j’ai tenu a ce que les images restent d’une part très simples et très fortes, si possible débarrassées de l’anecdotique.

Donc, pour ça, j’ai choisi la linogravure comme technique pour réaliser les images. La linogravure impose un style assez simplifié, permet de faire des images qui sont très graphiques d’entrée de jeu et très chargées en encre puisque une de mes volontés, c’était que l’on sente le poids et même l’odeur de l’encre.

Je porte une attention toute particulière à la conception du livre en tant qu’objet. Il est toujours très essentiel pour moi que l’objet lui-même soit satisfaisant avant même d’avoir découvert son contenu, qui véhicule cette idée de l’aspect magique qu’ont pour moi les livres. »

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. Cette chronique a été publiée pour la 1ère fois dans le magazine de Munich Accueil (version courte), au 4e trimestre de l’année 2025.

N’hésitez pas à partager cet article à n’importe quel mordu de Benoit Jacques. Ou mieux encore, à quelqu’un qui ne l’a pas encore lu.

Vanessa Bohers